jeudi 18 octobre 2012

Le CRTC refuse l’achat d’Astral par BCE

Que les médias en prennent bonne note : chercher à contrôler plus de 40 % de la tarte médiatique au Canada peut se faire à vos risques et périls. BCE vient de l'apprendre à ses dépens.

Le CRTC vient en effet d’annuler l’achat d’Astral Media par BCE, une transaction de 3,38 milliards $. Dans les faits, l’organisme fédéral avait trois options : approuver, refuser ou modifier l’entente.

Compte tenu du délai des délibérations pour la rédaction du document final – seulement trois semaines – il aurait été surprenant que le CRTC opte pour une entente modifiée avec ce que cela suppose de réflexion. 

Comme je l'indique en entrevue à Paul Houde (l'entrevue débute à 7 : 04), il restait donc deux possibilités : refus en bloc ou acceptation totale.

En achetant Astral, BCE aurait mis la main sur plusieurs joyaux : 
  • Des chaînes payantes de films : Super Écran, HBO et TMN
  • Un réseau radiophonique comptant 84 stations réparties dans 50 marchés au Canada (le 2e plus important réseau au pays avec 17,1 % du marché) 
  • 100 sites Web qui touchent 3 millions d'internautes chaque mois
  • 9500 panneaux d'affichage publicitaires au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique 
  • 24 chaînes de télé spécialisées qui passeraient sous le giron de Bell (Musique Plus, Family, Canal Vie, Historia, Canal D, VRAK.TV, etc.), des canaux rentables et en croissance qui représentent 15 % du marché canadien à eux seuls. 
Malheureusement pour BCE, le CRTC estime que le couple Bell/Astral détiendrait un pouvoir qui pourrait faire « obstacle à une saine concurrence ».

Au final, la performance de BCE durant les audiences du CRTC, la campagne de relations publiques des géants canadiens opposés à la transaction (Quebecor, COGECO, Telus et Rogers) et les nombreux groupes de consommateurs venus faire part de leurs doléances au CRTC auront certainement joué un rôle important.

Pour Pierre Karl Péladeau, cette annonce est une victoire importante. L’arrivée en force de BCE au Québec aurait en effet menacé l’emprise du groupe Quebecor sur le Québec médiatique.

Pour Astral, on retourne donc à la case départ mais rassurons-nous, les prétendants ne manquent pas. Ma prédiction : Rogers fera une nouvelle tentative dans quelques mois.